L’important pour nous, c’est d’ apporter un peu de ce qu’on peut pour que ce groupe avance !
Révélés par les Smiths qui reprirent une de leur chanson, les James eurent quelques difficultés pour concrétiser cette hype établie autour d’eux :
« En fait, nous n’étions ni punk ni quoi que ce soit ; on ne savait pas très bien jouer et contrairement à d’autres ça nous a beaucoup nuit. »
Ainsi, après deux albums qui ne connurent qu’un très moyen écho, la bande à Booth vit enfin le jour grâce à deux singles météorites satellisés en plein pendant la furie Manchester et qui leur permirent de laisser venir.
« On ne s’est pas posé trop de questions, on a enregistré notre album comme on l’entendait, et ce n’est qu’après le mixage qu’on est allé voir les maisons de disques avec un produit fini. D’ailleurs, Phonogram (heureuse élue) a du renoncer à ressortir « Sit Down » parce que nous voulions sortir un autre single et on leur a dit que ça faisait partie des conditions du contrat. Mais ça n’empêche pas la maison de disque de nous faire des propositions. Souvent, lorsqu’on les écoute, on se dit non, c’est pas possible de faire ceci ou cela, et puis finalement, parfois, c’est pas si idiot que ça. En tout cas, pour l’instant, ils font du bon boulot. »
Ce fut donc « Come Home » qui suivit son prédécesseur sur les plus hautes marches des charts anglais assurant à ses auteurs une reconnaissance nationale et méritée.
Depuis, le groupe a joué un peu partout dont plusieurs fois à Paris, notamment au désormais fameuses soirées Hacienda de la Locomotive. Il était donc hors de question, au lendemain du concert Inrockuptible, que je n’interroge point Tim Booth sur ses camarades de promotion ainsi que sur cette aura qui semble entourer Manchester ces temps-ci, tout en prenant bien soin de ne pas oublier que lui et son groupe sont là depuis bien plus longtemps.
« On n’est pas vraiment concerné parce qu’on est plus grand que tout ça. En Angleterre, on joue dans des salles de 10.000 personnes, donc c’est tranquille à ce niveau ; par contre, ce qui est ennuyeux, c’était quand nous n’avions pas encore ce succès, car on s’intéressait à nous parce que nous étions de Manchester et nous craignions qu’une fois la mode passée, les portes se referment sur nous. Quant aux groupes de Manchester, les Happy Mondays ont été notre partie il y a deux ans, et ça s’est bien passé ; les Stones Roses ont quelques bonnes chansons dont « Fool’s Gold » qui est excellente, mais il y a quand même une tendance à copier à Manchester ; tant que ça reste dans un esprit ouvert comme les Happy Mondays ou certains morceaux des Stones Roses, là ça commence à ne plus vouloir dire grand-chose, c’est comme un écho d’un écho.
Quand on prépare des morceaux, la démarche est très simple : on se réunit à trois (la base du groupe est constituée du chanteur, du bassiste et du guitariste) et on travaille les morceaux en appelant les autres musiciens au fur et à mesure. C’est vrai que notre façon d’écrire des morceaux est très démodée et traditionnelle, mais la mode ne m’a jamais vraiment intéressé. Cela étant, je crois que la vague de Dance Music qui a envahi l’Angleterre nous a quand même influencé. Une chanson comme « Come Home » est bien une chanson de son époque tout en étant personnelle ; quoi qu’il en soit, je ne la renie en rien. Tu sais, c’est très dur de savoir vraiment d’où viennent tes influences. Notre trompettiste, par exemple, lui, vient du jazz, ce qui ne l’empêche pas de laisser ses influences de côté lorsqu’il joue dans James. Du moins consciemment il ne va pas nous refaire tel ou tel solo à la manière d’un autre. L’important, pour nous, c’et d’apporter chacun un peu de ce qu’on peut à ce groupe pour q’il avance.
Bientôt, nous allons retourner en studio pour faire un nouvel album qui sera exclusivement composé de nouvelles chansons. Car même si certains souhaitent nous voir enregistrer certaines de nos vieilles chansons qui ne l’ont pas été et que nous jouons sur scène, nous voulons garder une marge de surprise pour les fans qui viennent à nos concerts et qui croient connaître tous nos morceaux. Pour la production, on est actuellement en discussion avec Gil Norton (Pixies), mais rien n’est fait, si ce n’est que ça se passera probablement dans les semaines qui vont venir. »
François Gerald ( Best – December 1989)